“J’apprends le décès brutal de Daniel Kieffer en ce mois de juillet 2024 et je suis consterné par cette nouvelle. Mes pensées s’adressent immédiatement à son épouse Irène, sa famille mais également à tous ceux qui l’ont côtoyé et apprécié ses qualités humaines. Il laisse déjà un grand vide dans l’univers naturopathique.
Spontanément des souvenirs anciens et récents me viennent à l’esprit.
Notre première rencontre date de 1974 lorsque tu t’inscris à l’Institut d’Hygiène Naturelle de Paris (IHN) pour suivre, en parallèle de tes années universitaires, un cursus de naturopathie. L’école, dont je suis le directeur, donne un enseignement par correspondance avec stages de fin d’années. Parmi tous les devoirs des étudiants, je garde les tiens (dont j’étais le correcteur) comme une référence pour l’ensemble des techniques naturopathiques car ils étaient exceptionnels par le libellé, la précision, la documentation et les commentaires personnels, toujours percutants. Nous savions avec Pierre V. Marchesseau que nous tenions une « pépite », ce que le futur ne tarda pas à confirmer.
Je découvre également ta fibre artistique quand, un appareil photo en main, tu fais lors des congrès de naturopathie de magnifiques tirages en noir et blanc des conférenciers et des participants.
En 1984, alors que je viens de créer l’Institut Alain Rousseaux et envisage de dispenser une formation en naturopathie, je te propose de nous associer pour unir les deux tendances naturopathiques ; l’une plus ésotérique que tu domines et l’autre plus pragmatique dans la philosophie et la pratique naturopathique. Après un certain enthousiasme de notre part, le projet sera abandonné pour des raisons idéologiques, liées aux enseignants avec lesquels tu collabores. Faut-il le regretter ? Peut-être, mais quoiqu’il en soit nos parcours resteront parallèles tout en gardant une amitié et un respect mutuel.
L’entente et la collaboration s’accentuent lors des travaux de la Fenahman, qui deviendra plus tard la FENA, en restant disponible et ne ménageant pas tes efforts lorsqu’il fallait faire avancer les dossiers. Je n’oublie pas les nombreuses séances à l’institut où nous sommes tous les deux pour la rédaction de ce fameux Livre Blanc qui sera adressé à tous les responsables politiques.
D’esprit curieux, tu es resté ouvert et attentif à toutes les disciplines qui touchent le domaine de la spiritualité. Cette orientation personnelle, mais combien nécessaire à l’aventure humaine, t’occasionnera des critiques et des déconvenues face aux politiques qui te blâmeront pour ton engagement naturopathique au regard de la science allopathique.
Avec toi, disparait une ère de pionniers qui a vécu l’apparition et l’essor de la naturopathie dans le monde francophone. Lors de notre dernière rencontre, tu évoquais en parlant de nous-mêmes, avec malice et un brin de désinvolture , les derniers dinosaures de la naturopathie. Il est vrai qu’avec la disparition de Pierre V. Marchesseau, André Roux, Philippe Dargère, Robert Masson, Remy Rachou et maintenant toi, Daniel, une ère qui a eu son apogée entre les années 1980 et 2010 se termine. Lorsqu’une ère s’achève une autre commence ; elle sera l’émanation des milliers de naturopathes formés dont une belle part te reviens.
Je pense à la tristesse de tous ceux qui t’ont côtoyés lors de tes conférences, de tes cours et indirectement par tes nombreux écrits et je suis sûr que tous éprouvent un sentiment de sincère reconnaissance, car tu as inspiré tant de vocations et d’orientation de vie. Un grand merci pour tout ce que tu as donné.
Désormais, les Cieux te sont ouverts et t’accueillent avec gratitude et une infinie bienveillance ;
…et selon ta formule : Repose en paix et hauts les cœurs.
Alain Rousseaux”